Trente secondes de séduction

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Avez vous trente secondes pour tomber sous le charme de Paris Carlton? (temps de lecture 4 minutes)

Trente secondes de séduction

Cela avait toujours fasciné Paris Carlton, cette capacité qu’ont les femmes à tenir un objet dans les mains et à le regarder sans bouger pendant des heures. Comme ça, sans le jeter, sans même le mordre ni le lécher… Elle observait son amie  Céline : immobile, juste allongée sur le transat à côté du sien, alors que le soleil de ce début de soirée thaïlandaise diffusait ses dernières caresses, dans le discret murmure de l’écume devant elles. Paris Carlton observa Céline quelques instants de plus : dans l’ombre de son grand chapeau de paille, elle avait le visage sombre et on devinait derrière ses lunettes Gucci son regard concentré sur ce livre qu’elle ne lâchait pas. Cela laissa Paris Carlton perplexe, l’impatienta, l’agaça même : elle n’en pouvait plus de cette apathie. Paris Carlton fit un petit grognement d’ennui et roula sur elle-même deux ou trois fois, puis s’immobilisa, dans une torsion de corps élégante, le cou tendu et la tête renversée pour observer une jonque colorée qui accostait près d’elles. Un homme trapu en short de bain rose, au T-shirt distendu et délavé en sauta. Il avait la peau brune et les mollets appétissants. L’homme hissa de tous ses muscles bandés la jonque sur le rebord de la plage, puis alla aider des femmes rondes et volubiles, chargées de sacs, de palmes et de tubas, à en descendre en de petits cris amusés et des « thank you » s’évaporant dans le soleil couchant.

Soudain, alors que son regard remontait sur la plage vers les cocotiers, Paris Carlton le vit : le Mâle. Il se tenait là, à quelques mètres à peine, comme sorti de nulle part : planté dans le sable, la mâchoire attentive et serrée, le front plissé dans l’expectative claire d’une rencontre, d’un contact. Elle croisa son regard. Et il ne détourna pas les yeux. Paris Carlton sentit tous ses poils se hérisser soudain, et un frisson lui parcourir l’échine, elle se redressa et jeta un appel du regard vers Céline qui ne lui accorda aucune attention. Le Mâle, lui, était là, face à elles. D’instinct, Paris Carlton fit un bond et se retrouva à quatre pattes sur le transat. Le Mâle était sur le qui-vive. Paris Carlton trépigna : elle fit un pas en avant, puis trois en arrière, puis deux en avant. Elle retrouva son souffle et ses yeux en amande se posèrent de nouveau, plus calmement, sur le Mâle. Il avait le regard à la fois stupéfait et tenace des mâles foudroyés par la beauté : campé sur place, tous les muscles de ses puissantes épaules tendus comme dans l’amorce d’une immense prise d’élan, un élan vers elle. Elle le vit se balayer les lèvres de trois ou quatre petits coups de langue, en quelques fractions de seconde, puis il resta bouche bée, face à elle, béat, et elle ne put contenir un léger jappement. Mais déjà quelque chose la retenait : les doigts de Céline venaient de la saisir par le collier de perles.

Pourquoi ne la laissait-on jamais répondre à ces élans spontanés, à ses intuitions ? Le Mâle tapa du pied et Paris Carlton se vit tournoyer sur la piste de danse, devant lui, autour de lui, effleurant ses pectoraux puissants et déclenchant mille petits spasmes réciproques, comme une osmose, jusqu’à l’entendre lui confier à l’oreille, à travers son souffle saccadé, un aboiement. C’était cela la liberté : aller avec le Mâle, et tournoyer, tournoyer sans fin, tournoyer sur elle-même en hululant de plaisir, au son de musiques enivrantes, faisant des bonds de temps en temps pour attraper au vol des sushis que les serveurs en smoking lanceraient depuis le bar. Les femmes faisaient bien cela, non ?! Alors pourquoi pas Paris Carlton ?

Paris Carlton se sentit propulsée dans les airs… Cette élévation n’était pas une extase mais une coercition, et elle ne parvint pas à lutter. Céline la fit re-rentrer dans son sac Louboutin en lui disant :

— Allez, on y va de toutes façons ma fifille, tu pourras te baigner dans la petite fontaine.

Paris Carlton sortit la tête de son sac Louboutin et si Céline avait croisé son regard à cet instant, nul doute qu’il lui aurait fendu le cœur. Comme il était dur, ce regret de tout ce qui n’aura pas été vécu, ni partagé ! car le mâle en question, déjà, s’éloignait, en trottinant, dans une indifférence aussi intense que son regard de braise.

Paris Carlton gémit. Elle entendit alors Céline lui dire ce que toute femelle doit entendre une fois dans sa vie :

— Calme toi maintenant ma fifille. C’était juste un bulldog.

via https://cyrildowling.com/

Bravo à Céline, gagnante du jeu concours  Summer of Glamour, sur mon site cyrildowling.com . Sa photo du Glamour 2025 et les citations associées ont conquis le jury. Céline a donc gagné un T-shirt « Noor », des marque-pages Taman Asli et surtout une nouvelle inédite inspirée de la photo de son inoubliable été. Quel plaisir pour moi de pouvoir m’inspirer des propositions de lecteurs et lectrices, même si je l’avoue, ce défi n’a pas été simple car je ne m’attendais pas à devoir entrer dans les pensées d’un tel personnage…

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