Le chant des heures retrouvées

River-Keep-Runnin
Ce qui me reste à vivre, je le vivrai pour moi
Je ne quémande plus ma place dans des cœurs ajourés.
Je ne tends plus mes mains vers des silences qui m’effacent.
Le temps a écorché mes illusions
comme on ôte la soie fanée d’un fruit trop longtemps suspendu,
et sous cette trame éteinte, j’ai reconnu mon propre souffle.
Longtemps, j’ai regardé le monde avec les yeux des autres,
confondant leur lumière avec la mienne.
Je réalisais des rêves qui n’étaient pas miens,
guidée par l’idée d’un devoir, d’un don,
par ce besoin dévorant d’aimer jusqu’au sacrifice.
Je me faisais ombre pour que d’autres brillent,
pierre d’appui dans le silence,
invisible pilier sous des arches que je ne traversais jamais.
Mais désormais, je marcherai sur les heures
comme on foule un tapis sacré,
sans plier l’échine sous les dettes du passé,
sans m’excuser d’exister dans la lumière.
Ce qui me reste à vivre, je le vivrai pour moi.
Non par égoïsme, mais par justice.
Pour toutes les fois où j’ai mis mes élans en veilleuse,
pour que la paix des autres ne soit pas troublée.
Pour toutes les fois où j’ai tissé mes douleurs
avec des fils invisibles,
et cousu ma voix à la marge.
Je veux, à présent, que chaque aurore soit une levée de voile,
que chaque battement de cœur soit un chant de renaissance,
une déclaration tendre à celle que j’ai oublié trop longtemps.
Je veux danser sous la pluie de mes propres désirs,
boire à la source de mes passions tues,
reprendre les couleurs qu’on m’a volées sans bruit,
et peindre mes jours comme on sculpte un destin retrouvé.
Ce qui me reste à vivre, je le vivrai pour moi.
Je ne serai plus la gardienne de seuils fermés,
ni l’écho d’attentes qui m’éloignent de moi-même.
Je veux m’aimer sans condition,
comme on serre un enfant longtemps oublié.
Je veux être l’arbre qui ploie mais ne rompt plus,
la braise fidèle sous les cendres.
Je veux me choisir, chaque matin,
comme une promesse douce, indestructible.
Et s’il me faut marcher seule,
que ce soit en soit…
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