Knock-out le burn-out

03 30 2024 Burnout Facebook 967 x 504

Out le burn-out

(slam)

 

Quand ça m’est tombé dessus, j’y ai pas cru.

J’étais un gagnant, pas du genre feignant.

Mon intérieur était tout ravagé, comme après un incendie.

Sous mon écorce j’avais brûlé mes forces et mon énergie.

Embrasé par les flammes, j’étais sans oriflamme.

À l’extérieur on me croyait intact, mais je le dis sans tact,

Je n’étais plus chevalier. Empli de poudre de papier,

J’étais trop consumé, même pour les pompiers.

 

Le docteur était résolu : Prends un repos absolu !

Comme un champ de naguère, je me suis mis en jachère.

D’abord j’ai dormi, durant mon arrêt maladie.

Mais mes nuits étaient peuplées, de mille tâches inachevées.

J’ai appris à les évacuer, à me concentrer sur une pensée,

Et bien que tout miséreux, à m’accrocher à un souvenir heureux.

J’ai aussi écouté mon corps, même si dedans j’étais pas fort.

Je me suis laissé masser, cajoler et dorloter.

 

Le jour, couché sur l’herbe, je regardais les nuages,

Tels des navires superbes, avant leur échouage.

Au fond tout s’écoule, tout passe.

Pour surmonter la houle, sortir de l’impasse,

Moi, si petite, si humble créature,

Poussière galactite, j’ai contemplé la nature.

 

J’ai consulté tout un cortège de spécialistes,

Même des alternatifs et des idéalistes.

Seul je n’y arrivais plus, tant j’étais exclu.

Pas que j’en raffole, mais dans un groupe de parole,

Workaholic, comme les alcooliques,

J’ai raconté ma vie, mes émotions ressenties.

Tout est ressorti, même le plus enfoui.

J’ai cessé de mirer le parquet, et tout noté sur un carnet.

 

J’avais même fini par oublier, ma famille mon pilier.

Torrent, je n’avais plus le temps d’être parent.

C’est dur d’analyser, de comprendre le passé,

Chercher les explications, de mes défuntes aspirations.

J’ai accepté d’assumer, mes responsabilités.

Ma faute ou pas, je devais faire mea culpa.

 

Puis j’ai dressé la liste, de mes réussites.

Sans être utopiste, c’est comme ça qu’on ressuscite.

Sur mon carnet de douleurs, j’ai dessiné des fleurs.

Et le menu des rêves à accomplir, avant de mourir.

J’ai fissuré la digue qui m’enserrait

Pour qu’elle irrigue un futur qui me siérait.

 

J’ai réinvesti ma vie, revu mes amis

Même si le tsunami avait fait le tri.

Au fond c’était une chance inouïe

De modifier ma trajectoire de vie.

Je pouvais prendre de la valeur, devenir meilleur

Et, loin des errances de jadis, en sortir grandi.

 

Je craignais encore de revenir à mon métier,

Si longtemps que j’avais quitté le sentier.

Sans alliance, en perte de confiance,

J’ai fait un bilan de compétences, pour retrouver des appétences.

 

Je suis reparti sur des horaires aménagés,

Un poste adapté,

Un siège ergonomique,

Un mi-temps thérapeutique.

C’est sûr ça pique.

Mais c’était pas un retour à l’identique.

J’ai contribué aux projets d’autrui.

Et ainsi je me suis reconstruit.

 

Une fois mis knock-out, le burn-out,

J’étais prêt, je me suis lancé.

J’ai peaufiné mes apprêts, et décidé

Que, tant qu’à faire, autant être visionnaire.

J’ai quitté le ruisseau de Rousseau,

Renforcé tant mes archéaux

Que mes idéaux.

Et j’ai visé haut.

 

Ce slam « Knock-out le burnout » est issu de mon recueil « Des histoires pour faire du bien à ceux qui ont mal ».

Retour en haut