L’ouvrage Récits, légendes et mythes des îles Marquises est un recueil jeunesse composé de 26 récits, légendes et mythes souhaite leur restituer grandeur et intérêt afin que se perpétue l’exceptionnel pouvoir de fascination de ces îles du Grand océan appelées Te Henua ‘Enana.
Des sources si riches
Les récits, légendes et mythes marquisiens présentés dans ce recueil jeunesse sont essentiellement extraits de quatre ouvrages, dont les auteurs méritent d’être connus pour leur exceptionnelle participation à une meilleure connaissance de la culture du Henua ‘Enana, la Terre des Hommes. Il s’agit de Karl von den Steinen, d’Edward Smith Craighill Handy et de son épouse, Willowdean Chatterson Handy, du couple Marie-Noëlle et Pierre Ottino-Garanger et de l’ethnologue Henri Lavondès.
D’autres grands noms de l’ethnologie se sont intéressés à la culture des îles Marquises, en particulier Samuel Elbert qui est présent dans ce recueil au travers d’une légende.
L’extrait suivant est issu d’un chapitre du livre Récits, légendes et mythes des îles Marquises.
EXTRAIT : Te ha’akakai ‘o te Henua ‘Enana (La légende de la Terre des Hommes)
Il y a longtemps, très longtemps, le soleil brillait sur la mer. Mais sur cette mer, il n’y avait pas d’île.
En ces temps-là, vivaient Oatea et sa femme Atanua. Ils n’avaient pas de maison puisqu’il n’existait pas d’île où construire des maisons.
Alors Atanua dit à son mari :
– On ne peut pas bien vivre sans maison.
Oatea ne répondit pas, car il se demandait comment il allait faire pour construire une demeure.
Alors, il invoqua les dieux, ses ancêtres, et, un soir, il dit à Atanua :
– Maintenant, je sais comment faire. Cette nuit, je vais construire notre maison. Je dois la terminer avant le jour.
Quand l’obscurité fut complète, seule la voix de Oatea s’entendait. Il dansait et il chantait :
– Aka ‘Oa en Aka Poto e, Aka Nui e, Aka Iti e, Aka Pito e, Aka Hana e, Haka Tu te Hae.
La prière terminée, le travail put commencer.
L’emplacement fut choisi au milieu de l’océan et deux piliers furent dressés : Ua Pou.
Une longue poutre relia ces deux piliers : Hiva Oa.
Alors, il fallut fixer et assembler le toit devant et le toit en arrière : Nuku Hiva.
Puis, la maison devait être couverte de fatu, de feuilles de cocotier tressées, Oatea eut besoin de neuf feuilles : Fatu Iva.
Mais tresser les feuilles pour la toiture puis la bourre de coco pour obtenir des cordes aura été long et le temps passe vite, très vite.
Oatea travaille, travaille sans arrêt. Soudain Atanua crie à son mari :
– La lumière du jour commence à éclairer l’horizon du ciel : Tahuata.
– Moho, l’oiseau du matin, chante déjà : Mohotani.
Oatea, sans s’arrêter répond :
– Je termine. Il me reste un trou à creuser pour y mettre tous les restes de la construction : Ua Huka.
Alors, le soleil se lève et illumine l’océan. Voici la maison construite par Oatea.
Atanua peut s’écrier :
– Ei, ei, ei, ua ao, ua ao te Henua ‘Enana, o Eiao.
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D’après les textes écrit par René Haiti dit Uki en 1980 à Taiohae sur l’île de Nuku Hiva et publié par les éditions Haere Po, pages 31 et 32 en mai 1987 dans le Bulletin numéro 1 de l’association Motu Haka ‘o te Henua ‘Enana, à l’origine du renouveau de la culture marquisienne et de l’organisation du Festival des Arts marquisiens, dont le premier se déroula à Ua Pou en mars 1987.
Une autre version de l’origine des noms des îles Marquises, récitée par Hokanui de Tahuata, a été relevée par Samuel Elbert entre 1934 et 1935 (Rari in J.P.S., vol. 50 n°198 de 1941, pp. 86-87).
L’ouvrage est également enrichi par les illustrations vibrantes et singulières de Heretu Tetahiotupa, artiste originaire des îles Marquises, dont le travail reflète la richesse visuelle et symbolique de sa culture.
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