Castel Villerquin n’est pas un recueil de poèmes. Il s’agit d’une saga racontant l’étrange destin d’une famille anglaise dont la vie prend un tournant inattendu entre les murs de notre nouvelle demeure : Castel Villerquin.
En remontant le cours inexorable du temps, nous découvrons l’histoire d’une ancêtre : Madame Gwendol’aine de Villerquin, une Anglaise ayant épousé un noble et valeureux seigneur. Issue de la noblesse britannique, cette femme n’a qu’un objectif : partager avec les femmes du peuple ce qui les rend belles, fortes, invulnérables.
Dans l’intimité de son atelier, elle prélève les pigments de la terre et des plantes, et confectionne des étoffes aux couleurs uniques — indigo profond, vert éclatant — qu’elle rêve de rendre accessibles aux femmes les plus modestes. Une vision audacieuse, presque prophétique : du prêt-à-porter avant l’heure.
Mais cette liberté créative et cette volonté d’émancipation dérangent. Le spectre de la sorcière est brandi par ses ennemis, qui voient en elle une menace à l’ordre établi.
À l’image d’Aliénor d’Aquitaine, elle bouscule les codes et risque sa vie à chaque instant.
L’idée de ce poème m’a été suggérée dans le cadre d’une conférence sur la place de l’Histoire dans le roman fantastique, lors du Salon du Livre de Thénac 2022.
Et si j’ai choisi de la décrire à travers un poème, c’est pour mieux souligner la douceur qui émane de cette femme, malgré ses combats. Sous les traits d’une battante, elle incarne une tendresse farouche, une force tranquille, une lumière dans l’ombre des siècles.
Une robe pour l’humanité
Dans les brumes du matin,
Madame de Villerquin
Traverse les champs, les chemins,
Pas pour la gloire, mais pour les siens.
Noble dame au cœur rebelle,
Elle cueille l’ortie, la menthe, la verveine,
Des herbes folles, des couleurs nouvelles,
Pour tisser des rêves dans la laine.
Elle ne cherche ni trône ni couronne,
Mais une robe qui rayonne,
Pour celles qu’on oublie, qu’on abandonne,
Pour les petites mains, les vies qui résonnent.
Dans les couloirs du château, ça murmure,
On chuchote, on juge, on ourdit des ratures.
Mais derrière les masques, dans les esprits,
C’est l’admiration qui grandit.
Elle défie le temps, les lois, les traditions,
Elle brode l’élégance sur l’émancipation.
Femme de cœur, femme de feu,
Elle fait danser les silences, les cieux.
Ses tissus chantent la liberté,
Ses pigments peignent la dignité.
Et dans chaque robe qu’elle offre aux modestes,
C’est une promesse :
Tu es belle. Tu es forte. Tu es princesse.
Dans les couloirs du château, ça murmure,
On chuchote, on juge, on ourdit des ratures.
Mais derrière les masques, dans les esprits,
C’est l’admiration qui grandit.
Et voilà qu’elle doit franchir les mers,
Affronter les ombres d’hier,
Ses anciens ennemis, affamés de guerre,
Pensent pouvoir briser le sanctuaire
Qu’elle s’est construit, pierre après pierre.
Mais telle Aliénor d’Aquitaine,
Elle chevauche les plaines,
Rallie les âmes, rallume les flammes, sans épée, sans drame,
Juste la force de son esprit,
Sa clairvoyance, sa bravoure, son cri.
Et quand le vent se lève,
Quand les voix s’élèvent, Elle ne plie pas, elle s’élance.
Madame de Villerquin, c’est la danse
D’une époque qui s’efface,
D’un avenir qu’elle embrasse.
Elle ne brandit pas l’épée,
Mais la pensée affûtée.
Elle ne crie pas vengeance,
Elle murmure espérance.
Dans ses mains, l’élégance devient arme,
La robe devient flamme,
Et chaque fil qu’elle tisse Est une promesse, un cri, une justice
Alors qu’on la juge, qu’on la guette,
Elle avance, fière, discrète.
Et dans son sillage,
C’est tout un monde qui rêve d’un autre héritage.
Son château l’attend,
Majestueux, silencieux, bienveillant.
Elle traverse le pont-levis,
Le regard fatigué, les cheveux en furie,
Mais le cœur…regonflé d’infini.
Et quand le tumulte s’apaise,
Quand les murmures se taisent,
Elle revient.
Sa main se lève, Pas pour dominer,
Mais pour montrer,
Pour tracer une voie,
Celle de l’espoir,
Celle de la foi
En l’humain, en demain, en la joie.
Et dans son sillage,
Ce n’est pas la peur qu’on voit,
Mais la fraternité qui prend corps,
La lumière qui reprend ses droits.
Madame de Villerquin,
Femme de lin, de feu, de destin,
Offre aux humbles une robe,
Et au monde, un chemin.