Il y a ce rêve

Il y a ce rêve.

Toujours le même

un retour sans fin vers

ce lieu inconnu.

Les toits y fument

comme si l’hiver avait appris à respirer.

Tout est figé sauf la lumière, luisante,

liquide.

Elle glisse sur les branches nues.

Au dessus,

un ciel clair, nacarat par endroits

comme des traces de coups

essuyés de peu, un ciel

suspendu très bas,

penché sur une liste de noms disparus.

 

Je m’assois sur un banc de pierre,

très froid au séant.

Je frissonne.

M’arrivent un flot de questions muettes :

— T’es le fils de qui ?

— Que viens-tu faire ici ? Il n’y a plus personne.

Je marche sans avancer

le cœur pris entre deux temps :

celui qu’on quitte et celui

que jamais ne retrouve.

Et je comprends :

ce n’est pas un retour,

mais un adieu qui s’étire.

 

 

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