Entendement économique de la consommation des ménages

L’ENTENDEMENT ÉCONOMIQUE DE LA CONSOMMATION DES MÉNAGES

 

La consommation apparaît comme une fonction économique fondamentale. Elle est associée à la destruction de biens consommés à une échéance plus ou moins rapprochée, et émane généralement des ménages qui consomment  des biens et services pour satisfaire leurs besoins.  La consommation des ménages se répartit entre une consommation de biens privés et une consommation de biens collectifs.

 

  1. Consommation privée ou consommation finale des ménages

 

Lorsque les sociétés étaient encore essentiellement rurales, une large partie de la production de produits alimentaires, de vêtements ou de produits artisanaux était réalisée par les ménages pour leur propre usage. Ce que l’on appelait l’autoconsommation était donc la forme principale de consommation. Par la suite, l’industrialisation et l’urbanisation se sont accompagnées de l’augmentation du revenu réel des ménages et de la diversification de leurs besoins. La société est entrée dans l’ère de la consommation de masse caractérisée par l’accroissement simultané de l’offre et la demande de biens et services destinés à la consommation individuelle. Ceci s’est concrétisé par une extension de l’économie de marché et un recul de l’autoconsommation.

 

On désigne sous le nom de consommation finale des ménages cette consommation individuelle composée des achats de biens et services destinés à la satisfaction directe de leurs besoins ainsi que de l’autoconsommation (produits des jardins familiaux, utilisation de logements dont les consommateurs sont propriétaires…). 

 

Caractéristiques de la consommation finale

 

La consommation finale des ménages introduit deux caractéristiques :

 

  • d’une part, elle repose sur la notion de biens privés. Le bien privé est un bien ou un service dont la consommation par une personne exclut nécessairement toute consommation par une autre personne (ainsi la consommation d’une boisson à la terrasse d’un café est un bien privé, toute personne qui la consomme, en prive le reste de la population) ;
  • d’autre part, elle porte sur un nombre très important de biens et de services destinés à satisfaire une grande variété de besoins. C’est pourquoi il est utile de procéder à une classification des consommations. Celle-ci pourra prendre en compte soit la nature des besoins, soit la nature des produits.

 

 

  1. Consommation collective des ménages

 

Les ménages utilisent non seulement des biens et services marchands, mais également des services non marchands produits par les administrations. Cette consommation de services non marchands est appelée aussi consommation collective. Un phénomène caractéristique des sociétés modernes est la croissance de ces consommations collectives qui contribuent à améliorer le bien-être de la population. 

 

Déterminants économiques de la consommation

 

Il est généralement admis de dissocier les déterminants microéconomiques et macroéconomiques de la consommation, même si les modèles macroéconomiques tendent aujourd’hui à intégrer des comportements microéconomiques (hypothèse du comportement représentatif). 

 

  1. Approche microéconomique de la consommation

 

La modélisation du comportement du consommateur, telle qu’elle est suggérée en microéconomie, repose sur trois hypothèses importantes :

 

  • le choix individuel du consommateur ;
  • l’information parfaite sur l’offre de biens ainsi que sur le niveau de ses besoins ;
  • l’hypothèse de rationalité qui insiste sur le fait que le consommateur cherche à maximiser la satisfaction retirée d’un bien sous la contrainte de son budget.

 

Théorie néoclassique du consommateur

 

Le consommateur dispose ici d’un budget limité pour acquérir tous les biens souhaités. Il ne peut donc acheter tout ce qu’il désire et doit opérer des choix entre les biens désirés.

 

Pour effectuer ces choix, le consommateur établit une hiérarchie dans ses préférences. Les courbes d’indifférences construites par l’économiste Vilfredo Pareto, sont un procédé de représentation graphique des préférences des consommateurs. Pour simplifier, le choix du consommateur est limité à deux produits X et Y. Le choix du consommateur va s’effectuer selon le critère de l’utilité U (X, Y). Les économistes néoclassiques retiennent généralement le concept d’utilité marginale, qui s’analyse comme l’utilité apportée par la dernière unité de bien acquise.          

 

Au terme de la confrontation de la courbe d’indifférence avec le revenu, le consommateur choisit la combinaison idéale de biens lui apportant la plus grande satisfaction, ce que l’on appelle l’utilité maxima.

 

Consommation élargie de la population

 

Les consommateurs cherchent à maximiser leur utilité  U (X, Y) compte tenu de leur contrainte budgétaire, c’est-à-dire son revenu et qu’ils sont censés avoir une information parfaite sur le prix des biens de consommation.

 

Loi de la demande

 

Dans le cas général, la demande d’un bien dépend du revenu disponible, du prix du bien considéré et du prix des autres biens (effet de substitution).

 

Ce qu’il est convenu d’appeler la fonction de demande met en relation la quantité totale demandée du bien X avec le prix unitaire de ce bien p, les autres paramètres étant censés rester constants. Cette relation est traditionnellement exprimée à l’aide d’une courbe. Cette courbe ne fournit aucune indication sur le prix mais constitue seulement une courbe des intentions des acheteurs en présence de différents prix. La courbe de demande du consommateur pour un bien donné, indique que la quantité achetée du bien est fonction décroissante du prix de ce bien.           

 

La forme décroissante de la courbe de demande s’explique par la loi de l’utilité marginale décroissante avec les quantités.

 

En effet, si les unités supplémentaires que l’on acquiert d’un produit apportent des utilités marginales décroissantes, seule une baisse des prix peut contraindre l’acheteur à augmenter les quantités achetées.

 

Toutefois, la réponse de la demande à la variation de prix n’aura pas la même intensité selon la nature du bien. La mesure de la sensibilité de la demande aux changements de prix s’effectue grâce au coefficient d’élasticité par rapport au prix.  

 

Il se définit comme le rapport entre la variation relative de la demande (∆Q) par rapport à la quantité initialement demandée Q et la variation relative de prix (∆P) par rapport au prix initial.

 

On peut rechercher comment évolue la consommation quand le revenu ou le prix varie. On définit alors une élasticité de la demande par rapport au revenu ou par rapport au prix.

 

On distingue alors les biens inférieurs et les biens supérieurs :

  • Biens inférieurs: leur consommation diminue quand le revenu augmente (pain, pomme de terre) ;
  • Biens supérieurs : une augmentation du revenu induit une augmentation de la consommation plus que proportionnelle.

 

Des biens sont substituables quand ils sont aptes à satisfaire le même besoin (balai et aspirateur); et complémentaires si leur consommation simultanée est nécessaire pour satisfaire un besoin (automobile et essence).

 

Les principaux déterminants économiques sont donc les revenus et les prix. Les rythmes de croissance du PIB et de la consommation sont toujours très proches. La consommation joue un rôle majeur dans la croissance économique.

 

Durant les Trente Glorieuses, grâce aux gains de productivité qui ont permis une augmentation régulière du pouvoir d’achat, on a assisté à la naissance de la consommation de masse fondée sur l’équipement progressif des ménages en biens durables (téléviseurs, automobile, lave-linge…).

 

  1. Approche macroéconomique de la Consommation

 

Théorie Keynésienne

 

L’analyse néo-classique construisait la fonction de demande d’un bien en privilégiant la relation prix et quantité demandée.

 

Keynes propose de relier la consommation globale avec le revenu. Il s’appuie ici sur l’existence d’une loi psychologique fondamentale selon laquelle «en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation au fur et à mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu ».

Le revenu global aurait ainsi deux emplois :

 

  • la consommation (C) ;
  • l’épargne (S).

 

Ainsi R = C + S. L’épargne apparaît comme un élément résiduel, dépendant de la consommation, elle-même dépendant du revenu. Tout revenu est partagé en consommation et en épargne. La relation entre la consommation et le revenu peut s’exprimer par le biais des propensions à consommer. On distingue :

 

  • la propension moyenne à consommer ;
  • la propension marginale à consommer.

 

Des études empiriques ont montré que l’analyse de Keynes était vérifiée lorsque l’on comparait à un moment donné les budgets de différents ménages ayant des niveaux de revenus différents (les ménages les plus riches ont proportionnellement une épargne plus importante que les ménages pauvres) et ceci sur une courte période. L’analyse de Keynes se trouvait invalidée par le fait que la propension moyenne à consommer était restée constante sur cette période. Les recherches poursuivies depuis J.M Keynes sur la fonction de consommation ont enrichi l’analyse en introduisant des éléments négligés par la théorie keynésienne.

 

Dépassements de la Théorie Keynésienne

 

Effet patrimoine

 

 La consommation des ménages peut ne pas être financée par les seuls revenus. Certains d’entre eux peuvent disposer d’actifs monétaires liquides ou d’actifs réels ou financiers qu’ils peuvent vendre pour effectuer des achats, notamment de biens de consommation durable.

 

Hypothèse des encaisses réelles d’A.C. Pigou

 

La hausse du niveau général des prix diminue la valeur réelle des encaisses, alors que la baisse du niveau général des prix augmente leur valeur. Il s’ensuit que les consommateurs dans le premier cas, auront tendance à réduire leur consommation, et à l’augmenter dans le second cas. Ceci se retrouve dans les calculs du pouvoir d’achat des consommateurs (ce qui revient à dire de la consommation).

 

Hypothèse du revenu relatif de J.S Duesenberry

 

L’analyse keynésienne reposait sur l’hypothèse du revenu courant : les changements de consommation de la courte période dépendaient des variations du seul revenu courant. Or J.S Duesenberry montre que le niveau de consommation atteint pendant une période donnée dépend non seulement du revenu courant mais aussi du niveau le plus élevé atteint pendant la période précédente, étant le revenu le plus élevé atteint dans le passé. 

 

Il s’ensuit qu’au cours d’une crise économique ou d’une récession, les consommateurs s’efforcent de défendre le genre de vie précédemment adopté. Cette persistance des habitudes de consommation se traduit, en période de baisse conjoncturelle des revenus, par une augmentation de la propension marginale à consommer. La consommation ne suit pas proportionnellement la baisse du revenu. C’est ce que l’on appelle l’effet Cliquet ou de Crémaillère de Duesenberry.

 

 

Revenu permanent de M. Friedman

 

Dans sa théorie du revenu permanent, M. Friedman avance que les valeurs de la consommation et du revenu prévues par le consommateur, dépendent non seulement du montant des recettes et des dépenses en cours, mais également des constatations du passé et des anticipations sur l’avenir. Les valeurs de la consommation et du revenu prévues sont appelées revenu permanent et consommation permanente “Cp”. Ceux-ci sont à distinguer de la consommation transitoire et du revenu transitoire qui n’ont pas d’influence sur la loi générale de la consommation de M. Friedman. Les consommateurs adapteraient leur consommation à l’évolution de leur revenu permanent et non au revenu courant.

 

Hypothèse du cycle de vie de Modigliani

 

Modigliani part du principe que pour chaque ménage, il existe un cycle de vie caractérisé à chaque âge par une étape dans la carrière et la vie familiale. A chaque étape de la vie active et de la retraite correspondent un niveau de revenu et certains besoins spécifiques (premier équipement, acquisition du logement, éducation des enfants….).

Dès lors, les dépenses sont étalées dans le temps grâce à l’épargne et le crédit.

 

  1. Consommation et le groupe social

 

La consommation est aussi un signe social, le signe d’appartenance ou non à un groupe social.  

 

Facteurs explicatifs de l’évolution du mode de consommation

 

On peut regrouper les facteurs explicatifs de l’évolution du mode de consommation en cinq types :

 

  • les facteurs économiques ;
  • techniques ;
  • démographiques
  • sociaux ;
  •  

 

  1. Facteurs économiques

 

Nous avons vu précédemment que les individus consommaient en vue de maximiser leur satisfaction, mais qu’ils ne pouvaient pas demander n’importe quelles quantités de biens suite à la contrainte des prix et des revenus. En effet, la demande d’un bien dépend à la fois de son prix relatif (prix comparé à ceux des autres) et du revenu des consommateurs.

  1. Facteurs techniques

 

Un défi et une opportunité, notamment pour les commerçants indépendants traditionnels qui ne pourront pas se permettre d’être moins bien informés que leurs clients dans leur propre domaine de compétence. Internet devient aussi un moteur de baisse des prix et participe à ce phénomène bas coût, en permettant les comparaisons à grande échelle, avec les moteurs de recherche spécialisés, et en facilitant l’introduction d’opérateurs à bas coûts. Certains prédisent même l’expansion du système des enchères inversées au profit de l’acheteur qui exprimera un besoin et un budget et invitera les prestataires à formuler une offre.

 

  1. Facteurs démographiques

 

Les facteurs démographiques renvoient à trois notions importantes : l’accroissement de la population, l’évolution de la composition des ménages et le vieillissement de la population. Ces trois phénomènes ont des conséquences importantes en matière de consommation.

 

  1. Facteurs sociaux

 

L’évolution sociale est elle-même caractérisée par plusieurs phénomènes importants :

 

  • la hausse des taux d’activité féminins qui implique la hausse des revenus des ménages, mais également la modification de leur mode de vie, à certaines conséquences sur la structure de la consommation ;
  • la transformation de la structure socio-professionnelle (moins de paysans, d’ouvriers, davantage de cadres moyens et supérieurs, …), la constitution d’une grande classe moyenne s’accompagnent d’une tendance à l’homogénéisation des styles de vie même si les besoins individuels de différenciation restent encore très élevés. Cette transformation sociale s’accompagne de l’essor de nouvelles consommations (vacances, loisirs…) ;
  • la permanence du chômage à un niveau élevé, finit par produire un sentiment d’incertitude sur l’avenir, lequel se répercute tant sur le niveau que sur la structure de la consommation.

 

  1. Facteurs environnementaux

 

Les préoccupations liées à la santé sont d’une toute autre nature que les précédentes, du fait des risques encourus, des responsabilités des acteurs, et des conséquences sur les ventes. Il y a le risque permanent d’intoxication alimentaire, tenant à l’hygiène, à la fraîcheur ou à un incident lors de la fabrication ou encore aux pratiques et au réfrigérateur du consommateur.

 

Les retraits des produits sur alerte des industriels sont quotidiens, ils concernent plusieurs centaines de produits par an. Les rappels auprès de la clientèle sont heureusement beaucoup plus rares et entraînent des démarches plus complexes. Au total, les contrôles pratiqués tout au long de la filière à tous les stades, et les progrès de l’hygiène et de la chaîne du froid assurent un degré élevé de sécurité. A côté de cet effort de traçabilité des produits, on note une multiplication des crises sanitaires (vache folle, grippe aviaire, tremblante du mouton…). Ces épidémies engendrent généralement des phénomènes de report de consommation  (viande bovine, porcine…).

 

En somme, l’amélioration de la consommation des ménages n’est pas énigmatique car il suffit que le régulateur (État) des agrégats macroéconomiques  puisse prendre conscience en revoyant les salaires des fonctionnaires en particulier et la situation socio-économique de la population en générale en proposant un salaire décent et en stoppant l’inflation qui devient de plus en plus galopante occasionnant ainsi la perte du pouvoir d’achat de la population.  Et aussi songer à la création d’emplois et promotion de la production, car pas de production, pas de consommation et vice-versa.

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