Comment rendre visible les écrivains africains francophones dans le monde ?
En 2024, l’Organisation Internationale de la Francophonie estimait à 84,7% les 400 millions de locuteurs quotidiens du français dans le monde, soit 350 millions vivant en Afrique. Ce pourcentage est amené à croitre si l’on tient compte de la croissance démographique du continent.
Fort de ce postulat que rien ne semble inverser, l’avenir de la francophonie est largement africain. Mais la circulation des œuvres littéraires du continent reste entravée par des obstacles structurels, symboliques, économiques et du paternalisme colonial qui les étouffe.
Comment remédier à ce déséquilibre ?
La France, berceau de la francophonie, devrait créer de véritables ponts afin d’agir à plusieurs niveaux, de manière cohérente et durable.
Pour y parvenir, il est impératif de faire évoluer les circuits traditionnels entravés par les filtres européens et les universités occidentales, mais aussi les partenariats culturels très souvent asymétriques.
Traduire les œuvres littéraires africaines pour les vulgariser
La traduction des œuvres littéraires d’Afrique francophone vers d’autres langues est quasi absente dans les grandes capitales occidentales. Pour mettre fin à ce déficit de visibilité, les organisations francophones devraient investir massivement dans la traduction des œuvres francophones vers l’anglais, l’espagnol, l’arabe, le portugais, l’allemand et le chinois.
Mais il faudrait aussi valoriser les traductions vers l’Amérique latine, les caraïbes et le continent asiatique.
Développer les réseaux de librairies francophones
En France et dans les capitales occidentales, les œuvres des auteurs africains francophones ne sont pas visibles dans les librairies. Cette tendance est à inverser.
Pour y parvenir, il faudrait développer des réseaux de librairies francophones associant les éditeurs, les libraires, les traducteurs et les enseignants.
Inscrire la littérature africaine dans les programmes éducatifs en France
Pour la jeunesse occidentale, l’Afrique reste un lieu de villégiature. Il faudrait déconstruire cette image qui reste un frein majeur dans la relation Nord-Sud.
La reconnaissance de la littérature africaine francophone passe par l’école et l’université.
Dans ce contexte, il faut intégrer d’avantage d’auteurs africains contemporains dans les programmes scolaires et universitaires hors d’Afrique et plus particulièrement en France.
Il est aussi recommandé de soutenir la recherche, les thèses et les colloques internationaux centrés sur les littératures africaines francophones.
Penser l’Afrique comme un continent d’avenir
Les images de l’Afrique dans les médias occidentaux sont souvent dégradantes. Est-ce un choix assumé ? Cette tendance devrait s’inverser car l’Afrique est un continent jeune qui trace sa route et dont l’avenir s’agrippe au reste du monde.
L’espace francophone doit lutter contre les assignations thématiques d’un continent qui croule sous la misère, les guerres et les migrations.
L’Afrique en devenir est un contient qui commence à transformer ses richesses endogènes. Sur le plan culturel, Elle devient un cœur créatif qui produit des normes, des récits et des esthétiques capables de parler au reste du monde.
Associer tous les écrivains francophones à la promotion du français
Les écrivains francophones d’Afrique restent marginalisés dans la promotion du français dans le monde. N’est-il donc pas temps de mettre en avant un français pluriel, vivant, traversé par les langues africaines ?
Les normes académiques devraient évoluer et offrir un peu plus de liberté, d’imaginaire et de créativité aux auteurs francophones d’Afrique.
Construire un espace francophone horizontal
Vulgariser le français est un devoir culturel. Cette démarche doit associer, sans aucune hiérarchie, tous ceux qui concourent à la promotion de la langue française dans le monde.
La création des ponts entre tous les pays francophones permettra de soutenir les réseaux entre tous les acteurs et de mieux se connaitre.
Les réseaux sociaux, aujourd’hui, permettent de se découvrir, d’échanger et de partager les mêmes valeurs culturelles.
L’Organisation Internationale de la Francophonie devrait largement contribuer à la création des ateliers de la francophonie dans un espace qui s’élargit pour s’adapter à l’évolution de la langue française.
En conclusion, l’avenir de la francophonie nous impose de sortir de la gestion verticale de l’Organisation Internationale de la Francophonie et de permettre à cette grande famille de s’exprimer librement en tenant compte de la spécificité de chaque adhérent.
La francophonie doit être considérée comme un espace vivant, conflictuel et créatif dont l’Afrique est l’un des acteurs majeurs.

