L’impossible Adieu

Recueil

Chers lecteurs,

Je vous invite à découvrir un extrait de mon dernier-né, publié aux Editions El Amir. Ce recueil choral auquel des auteurs ont prêté leur plume, témoigne de la souffrance et l’angoisse vécues par des familles qui attendent un retour qui ne viendra jamais.Chaque histoire expose non seulement la réalité cruelle de ses odyssées motivées par l’espoir d’une vie meilleure, mais aussi l’impact de ces disparitions sur les familles.

Bonne lecture,

AK

                                            Avant-propos          

Au fil des pages de ce recueil, je vous invite à plonger dans l’univers souvent méconnu des naufragés en mer, notamment celui des harragas, ces jeunes qui, poussés par l’espoir d’un avenir meilleur, risquent leur vie en empruntant des chemins périlleux. À travers les histoires, nous souhaitons sensibiliser chacun d’entre vous à la fragilité de ces destins, à la précarité qui pousse certains à braver les dangers de la mer ou des routes, au mépris du danger et des lois.

Ce recueil est un appel à la réflexion : avant de prendre une décision qui pourrait changer une vie. Pensons à ceux qui restent derrière, à leur famille, à leur avenir. La vie est précieuse, et chaque choix doit être mûrement réfléchi, dans le respect de soi et des autres.

Que ces récits vous inspirent une conscience plus profonde et une empathie sincère pour ceux qui, en quête d’un avenir, risquent tout, souvent sans en connaître toutes les conséquences et au péril de leurs vies…

***

L’impossible Adieu

— Tu es trop jeune pour te marier ! Concentre-toi sur tes études ! Construis-toi un avenir avant d’accepter de te marier !

— Yemma, on est ensemble depuis le collège, lui apprit Yasmine. Il ne veut pas attendre la fin de mes études, car il a fini les siennes !

— Mais tu disais que vous étiez dans la même classe, non ? s’écria sa mère Halima.

— Au collège, pas dans la même classe, rectifia la jeune fille. Il me dépassait de trois niveaux et figure toi pour traîner un peu plus longtemps au collège, il a tout fait pour rater son année !

— Bouh ala benti ! Tu as commencé tes cachotteries tôt ! Hamdoullah, vous n’avez rien fait de mal !

— Il a aussi raté le bac pour qu’on puisse être ensemble une année au lycée !

— Quel idiot !

— Non, il ne l’est pas ! C’est un brave garçon Yemma ! Tu vas l’adorer quand tu verras à quel point il tient à moi !

— Mais tu es jeune ! Trop jeune ya benti ! Le mariage peut attendre ! Une fois mariée, tu n’auras plus une minute à toi ! Tu auras des responsabilités, des devoirs envers lui, envers sa famille…tu es jeune, belle et un avenir radieux te tendra et un avenir te tend les bras si tu finis tes études ! Tu seras indépendante financièrement et vous pourrez construire un foyer des plus stables et envieux à vous deux !

— Oui, à nous deux, tout est possible ! Smail veut venir avec ses parents, pour officialiser yemma ! Parle à papa, convaincs-le d’accepter !

— Tu connais ton père…

— La famille de Smail est connue dans la région. Ce sont des gens bien ! Papa acceptera volontiers une alliance avec eux si tu lui glisses quelques mots bienveillants !

— Eh, je vais y réfléchir, mais s’il refuse, ne me tiens pas rigueur même si franchement, j’insiste, tu es trop jeune pour te marier !

— Je ne veux pas attendre…

Yasmine avait toujours cru au pouvoir de l’amour. À peine âgée de vingt-deux ans, elle avait accepté la demande de Smail, car elle n’avait connu que lui et même en fréquentant d’autres étudiants, son cœur ne cessait de battre pour lui. Il avait fait son choix. Il était d’origine modeste, tout comme elle. Fraîchement diplômé, il avait accepté de travailler loin de leur région afin de préparer leur avenir, économiser en vue des frais à venir, refusant d’être une charge pour ses parents. Le temps et l’éloignement n’avaient pas éteint la flamme qui brûlait en eux.

Avec ses yeux pétillants et son sourire contagieux, il avait réussi à conquérir les cœurs, défiant les attentes de sa famille. Leur amour n’était plus un secret, une bulle de bonheur dans un monde qui les regardait de travers. Les deux familles acceptèrent de les marier pour éviter d’être la risée du  village si les deux amoureux osaient les défier en dépassant les limites du correct. Ils craignaient même que ce fut le cas et pour éviter le déshonneur, ils les unirent pour le meilleur et pour le pire.

Yasmine et Smail furent un couple envié par leur beauté, leur complicité et surtout leur amour qu’ils ne cachaient pas. Les deux tourtereaux n’aspiraient qu’à être ensemble.

Chaque jour, ils se retrouvaient dans leur petit cocon, loin des murmures et des regards désapprobateurs. Les soirées passées à discuter autour d’une tasse de thé, où ils se racontaient leurs rêves, étaient leur échappatoire.

— Un jour, je te promets, nous aurons notre propre maison, avec un jardin et des fleurs, lui disait Smail en lui prenant les mains, ses yeux brillants d’espoir.

— Et nous y planterons des roses, parce qu’elles rappelleront notre amour !

Cependant, la réalité était bien plus complexe. Les réunions de famille se transformaient en véritables champs de bataille. Sa façon de cuisiner, d’accomplir ses corvées étaient souvent critiqués. Mais Smail la rassurait. Elle était parfaite en tout et dans tout.

Un vendredi, alors qu’invités à déjeuner, ils se préparaient à se rendre chez les parents de Yasmine, la tension était palpable. Sa mère Melaid, avec un sourire forcé, avait lancé un commentaire acéré.

— Vous n’en avez pas assez des sorties ! La pompe à eau fait des siennes ! Au lieu de perdre du temps, tu pourrais la réparer ! Et puis, ce soir c’est le tour de cuisine de ta femme ! Personne ne la remplacera !

Yasmine, le cœur à l’arrêt le temps de quelques secondes, avait senti la colère monter en elle. Dans un geste silencieux de soutien, Smail avait serré sa main, lui enjoignant de ne pas répondre.

Suite à découvrir dans le recueil. Merci d’avoir lu

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