Je suis l’humanité, blessée
mais debout,
un souffle dans la nuit, une
flamme fragile.
Je tombe mille fois, mais je
tiens malgré tout,
dans mes larmes de sel, dort
une paix fertile.
Je suis tous les regards au
fond des océans,
les cris étouffés d’un enfant
sans défense.
Je suis l’écho du monde et
ses cœurs palpitants,
un rêve de lumière au bout de
la souffrance.
Je suis chaque frontière qu’un
mur a séparé,
mais aussi les deux mains qui
osent se joindre.
Je suis les pas d’exil sur la
terre sacrée,
et le chant des vivants qu’aucun
canon n’éteigne.
Je suis l’arbre penché qui
murmure au passé,
la poussière d’un peuple et
la graine d’un autre.
Je suis le pain rompu, le
silence blessé,
le pardon suspendu sur la
lèvre d’un apôtre.
Je suis femme, je suis homme,
enfant et vieillard,
je suis brune ou ivoire, aux
milles origines.
Je suis l’ombre et le feu, la pluie
et le hasard,
l’aube après le néant, l’amour
après les mines.
Je suis ce qu’il nous reste au
bord de l’infini,
un cri qui se relève, une étoile
obstinée.
Je suis, dans chaque cœur qui
lutte et qui bénit,
la part irréductible qu’on
nomme : Humanité.